Le bruit assourdissant du moteur de la chimère remplissait l'intérieur du véhicule. L'artilleur s'en donnait à coeur joie dans la tourelle, tandis qu'une partie du peloton arrosait les flancs.
- C'est quand même pas permis de construire des trucs aussi hauts! Y'a pas mieux pour s'en prendre plein la gueule!
- Qu'es'ce tu veux, c'est pour la gloire de l'Empereur! Les douilles s'accumulaient toujours plus sur le sol du blindé.
- Mon cul! Empereur ou pas, c'est pas lui qui va se faire trouer la peau.
- Striker! T'as de la chance qu'on soit en route et qu'on ait besoin de tout le monde, sinon j' t'aurais balancé au commissaire.
Le sergent savait très bien qu'il n'en aurait rien fait, mais vu la situation, il valait mieux que tout le monde pense d'une même tête, en l'occurrence la sienne. Après tout, Striker n'avait pas complètement tort, envoyer une compagnie blindée pour sécuriser une zone de gratte-ciels était une belle connerie. Mais ça, il ne le disait pas devant ces hommes.
Premier élément de la colonne blindée, la chimère du sergent Borgalt progressait prudemment le long des hauts bâtiments en ruines. Aux rues jonchées de débris, s’ajoutait les harcèlements continuent des pillards orks. Borgalt prit le communicateur.
- Rog ?
Le haut parleur crachota
- Yep, qu’y’a ? Le brouhaha des armes et du moteur rendait la conversation pratiquement impossible.
- Tu pourrais pas pousser un peu plus ta charrette ?
- J’suis déjà à fond Sergent !
- Tu te fous d’moi ?!
- Z’avez vu un peu le bordel devant. Voulez p’têt que j’descende pour passer un coup de balais
- Très drôle. Fais au mieux, parce que le blindage à ces limites. Rappel moi quand on y est, over.
- Compris, over.
Au fur et à mesure que le convoi avançait, la tension devenait palpable. Les visages crispés des soldats, faiblement éclairés par les lumières intérieures, tournaient à la grimace sous les flashs des fusils lasers.
Nouveau grésillement
- Sergent ?
Borgalt empoigna le micro
- J’t’écoute Rog.
La chimère ralentissait
- Je crois que vous devriez allumer le scope de contrôle.Il joint le geste à la parole
- Pourquoi on ralentit, Sergent ? demanda Striker
- Fermez la !
L’écran illumina la cabine de son reflet vert ; une masse innombrable de petits points constellaient l’écran.
- Qu’est-ce que c’est encore que ce merdier. Rog ?...Rog, tu me reçois ?
- Ouais.
- Ca donne quoi le contrôle direct ?
- Rien.
- Quoi ?!
- Rien, on a une énorme barricade.
- Et alors, tu passes ou tu l’exploses. Si on reste statique, on va y passer.
- Je sais, je sais. Mais vu ce qu’il y derrière, vaut mieux faire gaffe.
- Ok, mets moi en relation avec les oiseaux.
- D’ac.
Quelques secondes s’écoulèrent qui semblèrent être des heures. Difficile de se détendre avec les détonations des armes, sans compter la chaleur étouffante qui régnait dans la chimère.
Grésillements
- Thunder leader, j’écoute.
- Sergent Borgalt, troisième compagnie, 617è régiment blindé arkilyen. Je suis en tête de colonne et j’ai besoin d’un soutien aérien. Ma chimère est bloquée par une grosse barricade et derrière j’ai une tripoté de peaux vertes. Ca peut être que des grots mais il se peut que ça soit des chasseurs de tanks et la on aurait plus de mal.
- Bien compris, sergent. Je vous envoie de quoi résoudre vos p’tits soucis.
- Thunder 4, Thunder 7, vous décrochez vers les coordonnées suivantes. Nettoyage de la zone et escorte du 617 jusqu’à leur objectif. Après, retour au QG. Faites gaffe les mecs, ça grouille un max.
Alors que les blindés tiraient tout azimut, les deux vultures survolèrent la colonne. Un premier missile frappa de plein fouet la barricade la faisant voler en éclats. Derrière, des centaines de grots braillaient en direction des restes de la barricade. Mais l’agitation hargneuse céda rapidement la place à la terreur. La masse verte se mit en mouvement, tentant de se mettre à couvert. Les lance-roquettes crachaient sans relâche leurs munitions à fragmentations, déchiquetant par des dizaines les grots affolés. Malgré les fouets et les pinces électrifiés, les chasseurs n’arrivaient pas à contenir la débandade.
- Rog, une fois que les vultures ont terminés, on repart.
- Oki doki.
La chimère lança son moteur, crachant des volutes de fumées noires et le convoi se mit en branle. De chaque côté, une matière verte informe maculée le sol et les murs en ruines des immeubles. La résistance avait été éphémère.
- Bon, l’objectif se rapproche. Je ne veux pas voir un fusil s’enrayer, alors vérifiez votre équipement. Rappelez vous la configuration des lieux, on pose les détecteurs, on sécurise et on reste en alerte. Tant que les renforts ne seront pas arrivés on sera seul, alors pas de conneries si vous tenez à vos miches. Compris ?
- Oui chef !
La réponse collective ne c’était pas fait attendre, l’adrénaline montait, l’action était proche. Bientôt, les hommes sortiraient du ballottement des véhicules pour prendre et surtout tenir le quartier.
- Sergent, objectif dans 500 mètres, juste après le carrefour.
- Entendu. Tenez vous prêts. Les rois !
- C’est nous !
- La mort !
- C’est nous !
- T’as les dynamites ?
- Bah ouais, k’esse tu kroi, tu m’prends pour un zomme ou koi ?
- Alors mets les d’su.
- Oah éh, ça va, t’es pas le boss.
- Nan, et toi non plus.
- Ah ouais …
Les orks restaient fidèles à leur réputation de créatures toute en finesse. Aussi, entre chaque fenêtre étaient attachés vingt bâtons de dynamite. De quoi réduire en poussière plusieurs fois le building.
- Passe moi la mèche.
- La koi ?
- La mèche ! Tu l’as prise.
- Bah nan, on m’a pas dit de les prendre.
- Et comment qu’on allume tout ça à ton avis.
- Attend, j’ai une idée.
L’ork sortit son fling’ et s’appliqua à viser la dynamite proche de lui.
Une explosion monstrueuse retendit dans tout le quartier, bientôt suivit d’un seconde de même ampleur. Les bâtiments se faisant face de chaque côté du carrefour s’écroulèrent dans un fratra de gravats de béton, de poutrelles d’acier en même temps qu’un brouillard de poussière emplissait les rues avoisinantes.
La chimère freina brusquement, mettant plusieurs mètres pour s’arrêter finalement au dessus d’une bouche d’égout. On entendit une bordée de jurons venant de l’arrière du véhicule.
- Rog, qu’est ce que tu fous encore. Le sergent se relevait à peine.
- Z’auriez préféré finir ensevelit sous le béton ?
- Rog, au rapport.
- Un beau bordel, Sergent. On est encore bloqué, mais selon moi c’est fait exprès.
- Tu veux dire quoi ?
- On nous attend. Je sais pas ce qui va arriver mais ça sent pas bon.
- Compris. Distance de l’objectif Rog ?
- 225 mètres, après le carrefour.
La bouche d’égout se souleva doucement, laissant apparaître deux têtes d’orks affublés de grosses lunettes aux verres noirs desquelles sortaient toute une série de fils colorés. Une des têtes sortie du trou noir et embrassa le peu des environs qu’elle pouvait distinguer entre le sol et le blindage de la chimère. Vraisemblablement, personne n’avait rien remarqué.
- Passes la dynamite.Une quinzaine de tubes glycérinés sortirent de la bouche d’égout comme un lapin d’un chapeau de magicien.
- Passe la mèche.
- T’en veux deux ?
- Hein ?!
- J’y ai pris la mèche à Urkglut et Norkak. En plus, y z’ont rien vu.
- ‘Reusement pour toi qu’ça a pété au dessus, sinon l’Boss y t’en aurais collé une sévère.
- T’as accroché ?
- Ouais, j’allume et on se kasse.
L’épaisse plaque de fonte se remis en place dans un claquement sourd, couvert par le moteur de la chimère. Le chuintement de la mèche allumée était inaudible.
- Ok les gars, on va sortir. Il nous reste un peu plus de deux cent mètres avant d’atteindre la place. Ca risque de pas être une partie de plaisir, mais en même temps quoi de mieux qu’une ballade dans une ville en ruine tout en se faisant canarder par des flings orks.
- Ouais !!
Les sourires se crispèrent tandis que le sergent s’adressait au reste de la compagnie.
- Attention, ici le sergent Borgalt. L’objectif est en vu, mais les véhicules sont coincés. On sort alors je veux les bolters lourds en couverture durant toute la progression. Vous n’avez qu’à penser que c’est un exercice à balles réelles. Et faites attention, aux fenêtres. Préparez vous, on y va à mon signal.
La rampe arrière s’abaissât lentement dans un grincement aigu. Les soldats pointaient leurs fusils dans toutes les directions. Bizarrement, les harcèlements avaient cessés ; aucune peau verte ne venait trancher avec le gris des bâtiments. Borgalt enclencha son pistolet plasma. Il ajusta son casque micro.
- En avant!! Go, go, go!!!
Le sergent n’eu pas le temps de poser un pied à terre que la chimère décolla du sol dans une gerbe de flammes haute de plusieurs mètres. Une deuxième puis une troisième explosion se produisirent lorsque le réservoir prit feu suivit des munitions. Des corps démembrés retombèrent sur les soldats abasourdis tout juste sortis de la deuxième chimère.
Un mugissement de fureur résonnât dans les ruines autour de la colonne immobile. Le piège se refermait...
Accueil 
, c'est justement en regardant la chute du faucon noir(en français dans le texte) que l'idée a germé dans mon cerveau enfiévré.
Excellent!!!
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